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Garcin de Tassy - 1857

Note sur les Rubáiyát de 'Omar Khaiyám. 10 quatrains transcribed by FitzGerald from the Bodleian MS., and translated by Garcin de Tassy.
Journal Asiatique, No. IX, Paris, 1857, pp. 548-554.

Quatrains from Garcin de Tassy's translation from the Bodleian Ms.

1 [4]
Tant que tu peux n'afflige personne, ne fais subir à personne le feu
de ta colère. Si tu veux jouir du bonheur étemel, sache souffrir
patiemment, et ne fais souffrir personne.

2 [13]
La joie règne dans le monde; mais le spiritualiste se retire dans le
désert. Là, chaque branche fleurie lui représente la blanche main
de Moïse, et chaque souffle de vent l'haleine vivifiante du Messie.

3 [23]
Khayàm, pourquoi ce deuil pour tes fautes, et quel avantage
trouves-tu à dévorer ton chagrin ? Celui qui n'a pas péché n'a
pas été non plus l'objet de l'absolution divine. Le pardon est pour
les fautes, pourquoi donc te livrer a la douleur?

4 [24]
Dans l'oratoire du cloître, dans la mosquée, dans la pagode, dans
l'église, on éprouve la crainte de l'enfer et on recherche le
paradis. Mais celui qui connaît les secrets de Dieu n'a jamais jeté
dans son coeur une telle semence.

5 [32]
Voici la saison des roses et du repos au bord du ruisseau et sur la
lisière de la prairie, avec deux ou trois amis et une belle de
nature angélique. Qu'on apporte aussi des coupes de vin, et ne nous
mettons en peine, ni de la mosquée, ni de l'église.

6 [52]
Suivons le chemin du pur amour avant d'être saisi par les étreintes
de la mort. Charmant échanson, ne reste pas inactif, donne-moi de
l'eau à boire en attendant que je devienne de la terre.

7 [61]
C'est parce que ton amour a attiré dans ses filets ma tête chauve,
que je tiens dans ma main la coupe de vin. Tu as anéanti le repentir
que ma raison m'avait inspiré, et le temps a déchiré le vêtement
que la patience avait cousu.

8 [71]
Un amour superficiel n'est pas honorable; il est pareil au feu à
demi éteint, qui est sans force. L'amant véritable doit n'avoir de
repos et de tranquillité ni dans l'année, ni dans le mois, ni la
nuit, ni le jour.

9 [76]
Ne laisse pas la colère s'emparer de toi, ni une douleur insensée
se saisir de ton existence. Reste avec tes livres et ton ami au
milieu des champs verdoyants, avant que la terre t'enserre.

10 [108]
Nous devons considérer comme une lanterne magique ce monde mobile
où nous vivons dans l'étourdissement. Le soleil en est la lampe, et
le monde la lanteme où nous passons comme les figures qu'on y
montre.